Interview de Franck Capmarty

Question : Au 1er tour des élections municipales, vous avez recueilli un peu plus de 15 % des suffrages et vous êtes arrivés en 3ème position, loin derrière M. Floquet, maire sortant (40%) et de M. Boisseau (31,8 %). En vous maintenant au 2ème tour, ne risquez-vous pas de favoriser l’élection du maire de droite ? En tant que liste de gauche, cette décision est-elle bien cohérente ?

Franck Capmarty : Avant de répondre à votre question, permettez-moi de vous rappeler quelques éléments du 1er tour. D'une part, une faible participation due vraisemblablement aux injonctions paradoxales du gouvernement qui décrète la « guerre » contre le COVID19 en interdisant la veille du scrutin tout rassemblement et fréquentation des lieux publics, et malgré tout décide de maintenir le 1er tour des élections ! Ensuite, le score de M. Floquet, bien que de 40 %, est en recul de 3 % par rapport à 2014 et ne bénéficie pas de la prime au sortant. C'est donc qu'il y a un mécontentement réel.


Pourquoi avons-nous décidé de nous maintenir ? Tout simplement parce que nous sommes la seule liste de gauche, soutenue par le PCF, la France Insoumise, Génération.S et EELV (Europe Ecologie Les Verts). La liste de M. Boisseau n'est évidemment pas une liste de gauche. D'une part, elle est soutenue par LREM et d'autre part, elle est composée d'anciens membres de la liste de M. Floquet ou du RN. Oui, notre ville a besoin d'une gestion de gauche qui s'appuie sur une visée sociale, solidaire et écologique et honnête. La crise sanitaire a fait émerger l'inanité du système actuel qui a torpillé les services publics au bénéfice de la spéculation financière et del'enrichissement des « premiers de cordée ». En votant pour notre liste, l'électeur émet un vote clair pour une autre logique qui fait rupture avec celle de M. Floquet. Lors de la campagne du 1er tour, nous avons pu apprécier, les Magnymontois également, la conception de la démocratie de M. Boisseau, ses tracts pillant les questions que nous avons posées en conseil municipal durant son éternelle absence, ses attaques personnelles, ses affichages excluant la liberté d'expression des autres listes. Rien qui ne présagerait de bon pour l'avenir d'une gestion digne à Montmagny.
Quant à M. Krief, également ex-adjoint de M. Floquet, il n'a jamais, lui non plus, contredit au conseil municipal les points à l'ordre du jour et a voté positivement toutes les décisions du maire. On peut se poser la question du pourquoi il présente une liste contre son ancien ami politique, sinon une affaire d'ego ! De plus, sa liste est soutenue par une soi-disant association PCPF (Parti Conservateur Progressiste Français) qui se revendique « socialement conservateur et humainement libéral ». Tout un programme ! Et dont on a du mal à trouver l'objectif, les dirigeants et les financements.

Question : Vous évoquez la crise sanitaire. En quoi concerne-t-elle la gestion d'une commune ?

F. C. : On ne peut pas dissocier le local et le national. Le national a forcément un impact sur le local. La crise sanitaire est de la responsabilité des gouvernements successifs, de Sarkozy à Macron en passant par Hollande, qui ont considéré que les services publics, et notamment ceux de la santé, étaient générateurs de dépenses publiques qu'il fallait impérativement comprimer. C'est ainsi que 100 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés en 20 ans ! Par ailleurs, la loi Bachelot de 2009 a transformé l’hôpital en centre de résultats et introduit des critères de rentabilité par service ! Alors que dans le même temps, de somptueux cadeaux étaient consentis au patronat et aux oligarques en octroyant des crédits d’impôts (CICE) sans aucun impact sur l'emploi et en supprimant l'ISF. Le manque de lits de réanimation, la disparition des entreprises fabriquant de masques chirurgicaux, de respirateurs, de réactifs chimiques et la diminution des budgets de recherche, ont grandement fait défaut et ont aggravé la crise sanitaire de notre pays. Il faut donc sortir de cette logique financière et donner la primauté à l'humain et à l'environnement. Ce doit être le cas au niveau national, mais aussi au niveau local. Localement, nous voulons avant tout que les décisions soient prises en concertation avec les citoyens, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, ni ne le sera demain avec M.Floquet, M.Boisseau ou M. Krief. Nous voulons re-dynamiser l'écologie dans notre ville en nous appuyant sur ces points forts que sont les zones vertes insuffisamment mises en valeur, mais aussi lutter activement contre les nuisances telles que celles qui découleraient de la construction du terminal 4 de Roissy. Par ailleurs, comme l'a montré la période de confinement, il nous faut recréer une agriculture de proximité en contractualisant avec une AMAP, et non l'évincer comme M.Floquet, maire de droite, l'a fait ! Enfin, il faut développer la solidarité entre citoyens. La période actuelle éprouve beaucoup de foyers magnymontois qui sont confrontés au chômage technique ou au chômage tout court. Certaines villes de gauche, comme Gennevilliers, ont attribué aux foyers les plus modestes des aides financières pour leur permettre de passer cette période. C'est une illustration de la solidarité que nous portons, tout comme l'organisation active de repas solidaires, ce qui n'a pas été mis en place par le maire actuel.

Question : Avez-vous une chance de battre M.Floquet ?

F. C. : Rien n'est jamais joué d'avance ! Comme je le disais, le maire sortant n'a pas fait un bon score. Il n'a pas bénéficié de la prime au sortant. Il y a donc mécontentement. La crise sanitaire que nous traversons et la crise économique qui s'ensuit ont mis en lumière qu'il fallait changer de système, de logique. C'est à dire, mettre l'Humain et l'Environnement au centre de la gestion de la ville comme de la nation ! Les sondages montrent que de plus en plus de gens partagent cette idée de rupture de « logiciel » qui privilégie l'argent, le profit, au détriment de nos vies. Alors, avec une mobilisation de toutes les forces de gauche de cette ville, il est possible de le battre.

Question : Et en cas d'échec ?

F. C. : Nous aurons des élus au conseil municipal et nous siégerons tout au long de la mandature comme nous l'avons fait précédemment et nous rendrons compte régulièrement des propositions et des décisions. Je rappelle à ce propos que cela n'a pas été le cas de M. Boisseau qui, bien qu'élu « d'opposition », n'a jamais assisté aux séances du CM ! Pour notre part, nous avons posé plus de 150 questions, préparées préalablement par notre groupe et des Magnymontois, relayant leurs préoccupations . Parce que je vis à Montmagny depuis plus de 40 ans, que j'y ai exercé des responsabilités au sein d'associations (Parents d'élèves FCPE, Centres aérés AOJ, Caisse des Ecoles), que j'ai été maire-adjoint aux Affaires scolaires (mandat PS-PCF), je suis très attaché à cette ville dont je connais le potentiel, et je pense que les citoyens de Montmagny reconnaîtront mon engagement toujours fidèle à mes convictions pour les défendre toutes et tous ! Nous poursuivrons donc, toujours et davantage en concertation réelle avec la population, le travail collectif mis en place depuis ces six dernières années.

La Liste Citoyenne à Montmagny est soutenue par :

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